Chim
Việt Cành Nam [
Trở Về ]
|
|
Le
Bouddhisme des Vietnamiens n’a pas suscité assez d’attention : il
a souvent paru seulement un des aspects régionaux de la civilisation chinoise,
plus ou moins altéré par les anciens cultes et par des influences venues
du Sud, et de toute façon sans intérêt majeur pour ceux qui cherchent
le plus souvent une perception globale et une pure doctrine dans les livres.
La pauvreté générale, aggravée par le régime colonial et les guerres
contemporaines y a été pour beaucoup, laissant la modernisation mentale
et l’entretien des pagodes insuffisants. Construites en matériaux légers
à renouveler de temps en temps, fondues dans le paysage, peuplées d’une
iconographie souvent foisonnante et apparemment stéréotypée, toujours
lieux de cultes, elles ont moins attiré les archéologues français disposant
des moyens d’agir, que les ruines et statues cham et khmer en blocs de
grès, souvent libérées par abandon.
Pourtant voilà presque un siècle, depuis les années 1920, que le Bouddhisme vietnamien a connu une belle renaissance, parallèlement à l’essor de la pensée positiviste moderne. Cette coexistence a été favorisée par ses caractères anciens. Pour mieux comprendre la nouvelle civilisation du Việt Nam, il importe donc d’y observer les rapports entre la religion et la sagesse dans l’héritage culturel. A côté de la religion paradisiaque tolérée de la Terre Pure en récompense d’une vie méritante, les tenants d’une sagesse compatible avec le positivisme moderne, disent continuer l’esprit d’une Ecole de l’Intuition (Thiền Tông) dite aussi de la Forêt des Bambous (Trúc Lâm) illustrée par le roi moine Trần Nhân Tông entre 1293 et 1308. Mais c’était déjà l’aboutissement d’une longue histoire culturelle du Ðại Việt libéré de l’administration chinoise depuis 3 siècles. On semble aujourd’hui soucieux de donner plus d’importance à cette sagesse dans les pagodes, non seulement par l’iconographie traditionnelle, mais aussi par la place plus importante qu’on y fait derrière les autels principaux, lieu du culte des ancêtres, au misionnaire indien Bodhidharma, peut-être abusivement considéré comme son apôtre en Chine au VIe siècle Pour mieux connaître, et pour vérifier l’importance des modèles chinois souvent utilisés librement, je vais commencer par étudier les débuts du Bouddhisme au Việt Nam (Giao Chỉ puis An Nam) et en Chine, en tenant compte autant que possible des documents et travaux des Vietnamiens ; puis analyser dans une deuxième partie, ses caractères et sa place dans la période d’organisation de l’État national, le Ðại Việt sous les dynasties des Ðinh (969-979), des Lê (980-1009) puis surtout des Lý (1010-1225). |
[ Trở Về ] |